Tenzo Kyōkun (Instructions au cuisinier zen) est un texte important de Maître Dôgen, écrit en 1237. Il occupe une place de choix dans le zen. Bien que destiné initialement aux tenzo (« cuisiniers »), il est très souvent commenté pour un public de laïcs, car il explique comment pratiquer le zen dans la vie quotidienne active, pour le bien des autres. Son auteur insiste sur l'importance de cultiver un esprit vaste et magnanime, un esprit joyeux, et l'esprit d'une grand-mère envers tout ce qui existe. Comme le dit Ekiho Miyazaki : «Les instructions pour le cuisinier sont des instructions pour la vie».
L'ouvrage, que nous commenterons à une autre occasion, se termine par une méditation sur les trois esprits ( Sanshin, 三 心), à savoir la joie de vivre, la bienveillance et l'esprit de grandeur. Il s'agit pour le tenzo d'« être heureux d'accomplir sa tâche », de développer « le sentiment d'un père ou d'une mère pour son enfant » et d'avoir un « esprit grand comme une montagne, vaste comme l'océan ». Après avoir commenté ces trois aspects, Dôgen termine le Tenzo Kyōkun par ces paroles: « Que vous soyez supérieur d'un monastère, en charge d'une fonction ou simple moine, n'oubliez pas de toujours agir dans la joie, avec bienveillance et grandeur d'esprit. »
Pour le moine zen Shohaku Okumura Roshi :
L’Esprit Aimant ou Roshin en japonais (une autre traduction peut être esprit mature), est l’esprit des parents. Un parent peut éprouver de la joie à s’occuper des autres, des enfants. Par contre, les enfants éprouvent du bonheur seulement quand on s’occupe d’eux. Là est la différence entre Esprit Aimant et l’esprit enfantin. L’esprit d’une personne mature peut également trouver de la joie à offrir, à s’occuper de ce qui a besoin d’être fait, au lieu de demander que l’on s’occupe d’elle. Et ceci est, je pense, le contraire de l’avidité : offrir, s’occuper des autres.
L’Esprit Magnanime, Daishin, d’après Dogen Zenji, est l’esprit des grands océans et des grandes montagnes. Les océans et les montagnes sont imperturbables, ne peuvent être bouleversés. Les montagnes permettent à toutes sortes de plantes et d’animaux d’être là, et sont leurs soutiens sans aucune discrimination. Les océans acceptent toutes les sortes d’eaux de toutes sortes de fleuves, sans jugement, sans résistance, et en font un seul océan sans aucune séparation. Ceci est la Sagesse au delà de la discrimination. La Sagesse est un remède à l’ignorance. Ainsi, je pense que dans ma pratique, ces Trois Esprits est la manière dont zazen fonctionne dans la vie quotidienne. »
Ces Trois esprits doivent être la base de toute communauté. Dans une communauté zen, bien sûr, zazen est la base, mais nous avons besoin aussi de travailler pour soutenir notre pratique. Quand nous travaillons avec d’autres personnes, ou pour d’autres personnes, ces trois attitudes mentales sont très importantes. Que nous soyons chez nous ou au travail, et que nous travaillions avec les autres, cette attitude est une grande aide. »
(Source image : SotoZen.net / Source textes Dojo zen du Brabant et Wikipedia)
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